vendredi 11 mars 2011

[Genève] Les italiens font le show (Part 3)

Après Fiat et Alfa Romeo, place à Lancia qui profite du rendez-vous Suisse pour dévoiler les fruits issus de ses amours avec Chrysler, rachétée il y a quelques temps par le groupe transalpin.


Lancia (re)fait ses gammes

Ça bouge sur le stand Lancia ! La marque présente pas moins de trois premières mondiales et un concept car tellement abouti qu'il pourrait devenir modèle de série dans moins de six mois si la marque le décide ! Voilà qui paraît très alléchant sur le papier, jamais la marque n'a dévoilé quatre nouveautés sur un même salon... Mais la réalité est beaucoup moins reluisante. Let's see !

Commençons par les deux "concepts" présentés par la marque italienne. Pourquoi ces guillemets ? Simplement parce que ces deux véhicules ne sont que des modèles de série que la marque présente comme des concept cars car la décision de les commercialiser n'est pas encore prise. De plus ces deux propositions n'en font en réalité qu'une puisqu'il s'agit des déclinaisons berline et cabriolet de la Flavia, alias Chrylser 200C. Et oui, quand je vous dit que ces "concepts" sont des modèles de série ce n'est pas uniquement parce qu'il sont complétement aboutis mais parce qu'ils sont bel et bien commercialisés outre atlantique ! De simple Chrysler rebadgées, c'est un peu fort de les présenter comme des concept cars non ? D'autant plus que la 200C, qui prend donc le nom Flavia sous le logo Lancia, n'est pour ainsi dire pas une très bonne voiture : une finition pas vraiment au top et des qualités routières qui s'annoncent plutôt médiocres... La Flavia avant même d'être officialisée s'annonce donc comme une familiale sans grandes qualités puisque sa jumelle 200C n'est elle qu'une légère évolution de la Sebring qui n'a jamais séduit par ses qualités intrinsèques ! Pour ce qui est du style, si la voiture est insipide on pouvait s'attendre à pire : les faces avant et arrière sont assez réussies et ne choque pas trop sur une Lancia. Seul le profil est vraiment trop lourd et impersonnel pour porter le célèbre blason italien. On espérait au moins que Lancia aurait apporté sa patte, son originalité. Que nenni ! La seule différence que l'on constate se situe sur la lamelle supérieure de la calandre qui troque son logo Chrysler pour celui de Lancia... Bref du réchauffé de chez réchauffé ! Si Lancia compte sur la réaction du public devant ces "concepts" pour décider ou non de le commercialiser, peut être ne la verra-t-on jamais sur nos routes.

Lancia Flavia Concept
Lancia Flavia Concept Cabriolet

Non loin de ces pseudo concept cars trône la première des nouveautés Lancia de ce salon, le Grand Voyager. Grand Voyager ? Pas très italien comme nom ? Il n'y a pas déjà un monospace Chrysler qui porte ce nom ? Gagné ! Ce Grand Voyager n'est autre que celui que nous connaissont depuis quatre générations sous le logo Chrysler. Suite au rachat de la marque américaine par le groupe Fiat il a été décidé qu'elle disparait d'Europe continentale et ses modèles appartenant au segment supérieur aux compacts adopteraient le logo Lancia. Et non, la Flavia n'est pas un cas isolé... Ce Grand Voyager que peut on en dire ? Pas grand chose à vrai dire puisque seul logo change par rapport à celui que nous connaissions. Après nous avoir berné en faisant passer pour un concept un simple rebadgeage, Lancia en rajoute une couche en appelant nouveauté un monospace que nous connaissons depuis quelques années déjà sous un autre logo. Vous vous demandez peut être pourquoi la marque n'a pas au moins changé son nom, histoire de la "latiniser" un minimum. La réponse est simple : le Grand Voyager est le seul modèle Chrysler à avoir su trouver son public en Europe et Lancia se doit de le garder... Et oui, tout est question d'augmenter les ventes ! Au moins peut on se rassurer en souvenant que le Phedra qu'il remplace n'était pas non plus un modèle Lancia à part entière puisque conçu en partenariat PSA et donc jumeau des Peugeot 807, Citroën C8 et autre Fiat Ulysse. Mais les différences étaient alors plus larges qu'un simple logo !

Lancia Grand Voyager

La deuxième nouveauté que Lancia présente en Suisse, la Thema, est elle aussi une Chrysler rebadgée... Mais au moins c'est une vraie nouveauté puisque son clone 300C (assez réussie) vient à peine d''être dévoilé. Cette Thema appartient donc à la catégorie des grandes routières et se pose en concurrente des Mercedes Classe E ou Audi A6. Comme pour les Flavia et Grand Voyager, à l'extérieur, aucun changement à signaler lors du passage de 300C à Thema, si ce n'est le changement du logo et donc une - très - légère modification de la calandre qui en découle. Par contre, contrairement à ses sœurs, la Thema bénéficie d'un châssis revu pour s'aligner sur les attentes des conducteurs européens. Une bonne nouvelle quand on sait à quel point les standards européens et américains sont éloignés en termes de confort et de tenu de route. Aussi incroyable que cela puisse paraître, les modifications ne s'arrêtent pas là. Et oui, la Thema a aussi droit à un habitacle revu, bénéficiant ainsi de plastiques "soft touch" sur la planche de bord pour une meilleure qualité perçue (un point plus important en Europe qu'aux Etats-Unis) et surtout une panoplie de matières et de revêtements propres à Lancia, notamment le cuir Poltrona Frau©. C'est un bon point, tant ces types de matières font parties de l'ADN de la marque, mais pas sûr que cela suffise à en faire une vraie italienne... Toutefois, comme pour le Grand Voyager on peut relativiser les choses en se plongeant dans l'histoire de Lancia. En effet, si cette berline possède un style cubique à l'opposé du design italien tel qu'on l'imagine, il faut se rappeler que la Thema première génération, de 1984, qui était, elle, une "vraie" Lancia, était doté d'un style assez proche... La preuve en images :

Lancia Thema 2011
 
Lancia Thema 1984


Enfin Lancia présente la nouvelle génération d'Yspilon. Rassurez-vous, cette fois pas de Chrysler dans l'histoire, la citadine à bien été imaginée au Centro de Stile italien par les designers Lancia (non, ils ne sont pas chômage technique !). Bien évidemment elle conserve l'identité de la précédente génération mais le style s'affirme, l'auto semble avoir mûri. D'ailleurs elle possède aujourd'hui cinq portes laissant à sa devancière, rebaptisée Yspilon Elefantino pour l'occasion, quelques années devant elle avant de prendre sa retraite. Mais le passage aux cinq portes n'a pas remisé le style élancé qui caractérise l'Ypsilon depuis plusieurs générations, puisque les portes arrières sont "invisibles", grâce à des poignées cachées dans le prolongement du vitrage latéral... comme une certaine DS4 avec laquelle la citadine italienne partage, selon moi, quelques caractéristiques : outres les poignées de portes arrières, toutes deux sont hautes sur pattes, possèdent un vitrage latéral effilé et des anches larges. A l'arrière, l'Ypsilon a clairement gagné en musculature et cette partie est fort réussie. Le coffre est largement bombé et plutôt étroit, la lunette arrière semble simplement "posée" dessus, comme sur la Delta, pour offrir un effet de légèreté, et les feux, aujourd'hui triangulaire, sont toujours de petite taille et effilés vers le haut. Tout cela accentue l'effet des anches larges et donc le caractère de la voiture... La partie avant me parait moins réussie et s'éloigne de la précédente génération. La calandre s'allonge verticalement, le capot, aux bords arrondis, est comme "posé" sur la carrosserie, la prise d'air s'inspire clairement de la Delta et les phares s'agrandissent dans le sens de la largeur. La face avant apparait ainsi beaucoup plus haute que sur la génération précédente et n'est pas sans rappeler le Chrylsler (tiens !) PT Cruiser. C'est d'ailleurs ça qui me chiffonne : cet avant me semble incohérent avec le reste de la voiture et donne l'impression d'avoir était dessiné en ayant en tête une hypothétique version Chrysler...

A l'intérieur, comme toute Lancia qui se respecte, l'Ypsilon choisit ses matériaux avec soin : éclairage constitué de LEDs blanches, cuirs de qualité, tissu sur la planche de bord... On remarquera aussi qu'en tant que citadine chic elle pousse le détail assez loin puisque le sièges sont pourvus de motifs spécifiques inspirés par la mode ou plus simplement par le logo "Ypsilon". Enfin, elle possède bien sûr la carrosserie bicolore caractéristique de le précédente génération, qui s'étend pour l'occasion jusqu'au capot !

L'Yspilon a donc gagné en maturité et en musculature sans pour autant renier ses origines, ce que confirme d'ailleurs sont positionnement : cette nouvelle génération voudrait s'affranchir de l'étiquette de "voiture pour femme" qui lui colle à la carrosserie. Ainsi, les marketeurs et designers Lancia l'on imaginée comme une citadine unisexe, à la fois fashion, chic et sportive, aussi utile pour le shopping que pour le sport ! Cette philosophie se retrouvera dans les trois niveaux de finition disponibles : les versions Silver visent les plus jeunes avec des tissus dotés de motifs graphiques et une ambiance dynamique, le niveau Gold s'offre lui une sélection de tissus Castiglio qui séduira ceux qui recherchent une voiture tendance tandis que la clientèle haut de gamme sera séduite par les version Platinium qui, avec le cuir Poltrona Frau© de série, jouent clairement la carte de la citadine de luxe.

Lancia New Ypsilon
 
Vous le savez peut être déjà mais le stand Lancia à Genève est décoré par des pièces de puzzle dont deux, l'une blanche, l'autre noire, ont fait office de portes pour faire entrer les voitures lors de la conférences de presse. Pure coïncidence, puisque ce thème est utilisé par la marque depuis quelques temps déjà, mais toujours est-il que je vois dans ces pièces de puzzle une allégorie de la stratégie de Lancia. Je m'explique : le puzzle peut être rapproché aux jeux en général, comme les jeux de cartes par exemple. Cela nous amène aux casinos où, suite à un pari, on peut tout perdre ou gagner le gros lot ! La stratégie adoptée par la marque est, elle aussi, un pari. Si le public n'accroche pas aux modèles rebadgés la marque pourrait ne pas s'en remettre. Par contre s'il s'en vend suffisamment, c'est le gros lot, puisque la marque n'a (presque) rien dépensé pour leur conception... Croisons donc les doigts pour que la marque survive, puisqu'elle nous promet pour dans deux ou trois ans de nouveaux modèles, certes conçus en collaboration avec Chrysler, mais qui respecteront l'ADN de la marque !

Le stand Lancia à Genève
 

Dans tout les cas, Lancia est LA marque à suivre, tant sa stratégie est risquée et controversée... J'y reviendrai sûrement rapidement.

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